La Scat, entre incertitude des marchés et volatilité des flux

Pour le groupe Scat, le contexte reste délicat avec la pénurie croissante des matières premières et l’irrégularité des productions céréalières tandis que les ports persistent à faire la météo du fluvial. Un article du dossier spécial « axe Seine » du magazine mai-juin 2022 de NPI.
En 2021, la tendance a été plutôt positive pour la coopérative Scat. Le transport de colis lourds a connu un volume stable par rapport à 2020 avec une vingtaine de voyages : « Des tourets, des compresseurs, des portiques et autres structures volumineuses sur les liaisons Haute Seine-Rouen-Le Havre, Le Havre-Limay-Gennevilliers ou encore Rouen-Paris », détaille Christine Morel, responsable du développement commercial. Pour les autres filières, les trafics sont corrects mais incertains : « 1,6 million de tonnes de céréales ont été chargées à destination de Rouen et en provenance de la Haute-Seine, de l’Oise ou de la Basse-Seine. Nous avons eu aussi des apports d’industriels sur Gennevilliers. Pour les granulats et les déblais, les résultats étaient corrects avant que ne s’arrêtent les chantiers et ne s’assombrissent les perspectives. En 2021, 2 millions de tonnes de matériaux de construction ont été transportées et 250 000 tonnes de déblais », précise Christine Morel. « Les perspectives sont intéressantes pour les conteneurs avec deux nouvelles lignes importantes. Deux nouvelles unités ont été mises en service en 2021 ce qui nous fait cinq unités sur Port 2000 », ajoute Philip Maugé, président du directoire de la Scat. « Une croissance de 39 % par rapport à 2020 sur les conteneurs nous a permis d’atteindre 89 995 EVP et un tonnage de 3,65 millions de tonnes de vracs transportés. Avec un chiffre d'affaires de 28 millions d’euros, nous approchons de nos objectifs de 30 millions d’euros. Les années d’élections restent toujours plus basses ».  Pour l’avenir, Christine Morel choisit la prudence : « La pénurie des matières premières influe sur tous les secteurs d’activité, les prévisions sont très aléatoires. Des chantiers se décalent et d’autres sont gelés. Concernant les céréales, au-delà de la situation géopolitique actuelle, la grande inconnue reste la météo ». Avec le manque d’eau annoncé, les rendements sont menacés, ce qui rend les prévisions impossibles. « Et les crues s’intensifiant ont des conséquences sur la navigation », rappelle le directeur. Dans les ports, les deux responsables relèvent des freins au développement. « Il y a un manque de souplesse pour le fluvial qui n’est pas suffisamment pris en compte dans sa spécificité. À la moindre difficulté, ça repart par camion. Il est difficile de pouvoir faire sa place. Toutefois, l’achat de terminaux de manutention par les grandes compagnies maritimes nous a donné des perspectives plutôt favorables ». Dans Paris où la logistique urbaine se développe, la question de l’accès aux quais persiste. Pour Philip Maugé : « Il faut diversifier les usages. Avec Franprix avec qui nous travaillons depuis 2010, nous arrivons à l’utilisation optimum de l’unité affectée ». 

L’esprit coopératif, un atout

Avec une centaine de bateliers dont 63 coopérateurs, deux cents bateaux tournent pour la Scat toute l’année. La relève pour les unités desservant la Belgique et la Hollande reste un sujet sensible, beaucoup de mariniers approchant l’âge de la retraite sans successeur. La Scat poursuit la modernisation de la flotte avec des automoteurs de grande capacité, notamment en remplacement de barges, afin d’améliorer la performance environnementale des transports. Et si la principale concurrence reste les armateurs, le partenariat avec les organisateurs de transport intégré, l’esprit coopératif et leur flotte « [les] laissent sereins ». Pour Christine Morel les atouts sont là : « Des partenariats et une bonne réactivité face à l’incertitude des marchés permettent de juguler la volatilité des flux. Au sein du groupe, les activités sont variées et souvent un manque d’activité dans un secteur donné peut être comblé par un autre. Nous faisons en sorte que tous les coopérateurs travaillent suffisamment pour subvenir à leurs besoins. Nous avons une grande flexibilité dans l’exploitation au quotidien et sommes très réactifs face aux imprévus ».

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