À Marseille, les projets ferroviaires ne manquent pas

À Marseille, les projets ferroviaires sont nombreux et connaissent des avancées sous l’impulsion de la région, de la métropole, du grand port maritime, de SNCF Réseau et des opérateurs. Des conteneurs, des voitures, des céréales, de la bauxite… Le maillage du fret ferroviaire est appelé à se densifier dans le Sud de la France. Le chantier combiné de Clésud à Miramas fait partie des opérations prioritaires avec une extension visant à absorber les trafics de la gare du Canet à Marseille dont la fermeture est annoncée pour 2023. Au bord de l’asphyxie, Clésud Miramas figure en haut de la pile des dossiers d’investissements publics. L’extension du chantier combiné a été définie comme prioritaire et figure au contrat d’avenir État-Région signé mi-janvier 2021, porte sur un triplement de sa capacité à 155 000 UTI en 2023.  Sur les 12,5 M€ alloués à cette opération, l’opérateur actuel Novatrans/Greenmodal (groupe Charles André) ne devrait décrocher que 2 M€ pour l’extension du site. Près de 10 M€ serviront à financer la construction du Terminal Ouest Provence (TOP) résultant du transfert des activités du Canet au cœur de Marseille. L’établissement public d’aménagement Euroméditerranée ayant prévu de transformer la gare du Canet en parc public.  « Les autorisations préfectorales sont à la signature et les études achevées. Il nous faut boucler les financements », explique Jean-Claude Brunier, président d’Open Modal (TAB, T3M et BTM). La holding familiale va investir 6 M€ dans ce projet évalué à 22 M€. « La métropole Aix-Marseille a voté une subvention de 1,4 M€ et nous présenterons un dossier au niveau européen au printemps. L’Union européenne pourrait financer jusqu’à 30 % du projet », précise Jean-Claude Brunier. 

Sur 4 ha, le spécialiste de l’aménagement des chantiers combinés Charmade prévoit de créer une plate-forme de 900 m de long et 70 m de large qui sera dotée de deux voies permettant de recevoir simultanément deux trains de 850 m de long. Les deux lignes seront probablement celles qui arrivent aujourd’hui à Marseille : Miramas-Paris-Valenton et Miramas-Ports de Lille, en fort développement. Calibré pour traiter 44 000 UTI au démarrage, le site pourra recevoir 55 000 UTI à terme. Reste désormais à lancer l’appel d’offres pour la construction du terminal qui devrait être livré fin 2022 ou début 2023. Sans surprise, le tractionnaire de ces deux lignes ferroviaires devrait être Open Modal. 

Extension du chantier combiné

Sur le site historique de Clésud, Novatrans/Greenmodal s’apprête à doubler sa capacité pour atteindre 100 000 UTI. Deux voies ferroviaires de 850 mètres seront construites et adossées à une nouvelle cour de chargement pour les remorques et caisses mobiles. Pour compenser la fermeture du Canet, le protocole État-Région s’engage à financer la modernisation du terminal ferroviaire d’Intramar dans les bassins est du port. « Le pôle de transport combiné de Mourepiane accueillera des trains qui mixeront maritime et continental en complémentarité avec les terminaux de Miramas », explique le grand port maritime de Marseille (GPMM). Pour préparer cette nouvelle donne, Med Europe terminal va investir dans un portique ferroviaire de 40 mètres. La livraison de l’engin est prévue fin 2023. 

Véritable arlésienne, la création d’un hub roulier pourrait enfin voir le jour sur les quais phocéens. « Le port va s’attacher à déployer une offre terminalistique de transport ferroviaire pour les semi-remorques dans la partie sud de ses bassins est. Il s’agit de mettre en place une organisation industrielle à même de satisfaire les besoins des compagnies maritimes RoRo et de permettre une alternative efficace au tout-camion sur le parcours terrestre ». 

Cette fois, notamment avec la nouvelle ligne Tanger-Marseille, le dossier semble enfin sur de bons rails comme le confirme Thierry Jacquinot, directeur commercial et services en région Sud de SNCF Réseau : « Nous allons démarrer une étude de faisabilité pour définir les obstacles et adapter les infrastructures au passage des semi-remorques ». 

Lors d’une délibération du 17 décembre 2020, Aix-Marseille-Provence a voté la création d’un service de fret ferroviaire public métropolitain. La collectivité vient tout juste de confier au cabinet Samarcande la réalisation d’une étude sur les chantiers de transport combiné de l’aire métropolitaine. Le cabinet doit rendre son rapport avant l’été. La métropole se place dans une logique de solution décarbonnée à la logistique urbaine et dans une volonté de réduire le nombre de poids lourds entre les plates-formes de Saint-Martin-de-Crau et le port.

Le port de Marseille-Fos, qui table sur un investissement de 60 M€ dans le développement de son réseau ferroviaire dans les deux bassins au cours des cinq ans à venir, nourrit l’ambition d’augmenter la part du fret ferroviaire conteneurisé qui culmine à 14 % à Marseille et à 15 % à Fos. 

La coopération entre le port et SNCF Réseau porte sur le projet de la « virgule ferroviaire » du terminal Graveleau avec la création d’une liaison ferroviaire entre les faisceaux en arrière des deux terminaux à conteneurs. Elle sera concomitante au déplacement du faisceau de Port Synergy afin de le positionner dans l’alignement de celui de Seayard et de l’aménagement d’un accès direct à ce dernier. « Ainsi, des trains complets, composés avec des coupons issus des deux terminaux, pourront entrer et sortir directement depuis le terminal Seayard, en sus de ceux composés sur le faisceau de Graveleau », précise le GPMM. De son côté, SNCF Réseau annonce sa volonté de faire circuler 50 % de trains en plus à Fos en 2030 et de relancer le wagon isolé.  

Interface rail-route

L’aménagement d’une interface rail-route est aussi prévue sur la future zone de services portuaire (ZSP2) au service des terminaux et logisticiens de la zone industrialo portuaire. Elle permettra le mix de trafic maritime/continental, ainsi que la gestion des conteneurs vides, l’ensemble facilitant le remplissage des trains et le développement de services compétitifs vers davantage de destinations. 

« Le trafic de fret ferroviaire, porté par la forte croissance de 30 % en dix ans du transport combiné, nécessite de nouvelles infrastructures ciblées. Cette croissance est liée au fort développement de la logistique en région avec près de 3 millions de m2 d’entrepôts et 250 ha d’implantations programmées et projetées sur les zones de Fos-sur-Mer, Miramas, Grans, Salon, Saint-Martin-de-Crau qui regroupent les chargeurs et logisticiens (Ikea, Maisons du Monde, Danone, Katoen Natie, ID Logistics…) », indique la région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans son protocole de relance du fret ferroviaire adopté le 19 juin 2020. Seul bémol, les nouvelles plates-formes logistiques comme celle de La Feuillane ne possèdent pas d’installations terminales embranchées (ITE). Quant à celles existantes à Distriport, elles sont mises sous cocon…

Boutique